Enfant de l'âge des lumières, Carl Philipp n'envisageait pas la mise en musique de la passion comme son père l'entendait, seul sa résolution spirituelle l'intéressait : Il ouvre sa stupéfiante partition par la rumination du sépulcre, avant que la résurrection ne s'impose. Musique de l'émotion, et même d'un certain piétisme, donc l'esthétique est délicate, qui peut facilement être brisée. Les belles versions n'en manquent pas, Herman Max optant pour un récit dramatique, Philippe Herreweghe choisissant une voie plus intime, qui s'étonnera de voir Bart van Reyn s'approcher plus du second que du premier ? Il a pour lui un merveilleux baryton, Andreas Wolf, qui, dès son "Judäa zitttert" trouve le ton juste de la partition, un choeur solaire, et un orchestre vif aux couleurs assez magnifiques. Le beau ténor au ton d'Evangéliste de Kieran Carrel se révélera bouleversant au long de ses interventions et de ses airs, tout comme le soprano enfantin de Lore Binon, si bien qu'on tient là une proposition qui renouvelle le sujet : l'émotion de cette passion de la Résurrection aura rarement été aussi justement mise en lumière. (Discophilia - Artalinna.com) (Jean-Charles Hoffelé).